Le Conseil communal d’avril (dont le compte rendu est en ligne sur notre site, comme chaque mois) a abordé sous différents angles les projets de l’asbl communale Action et Prévention socioculturelle, mieux connue comme Le Pas. Active dans les quartiers du Homborch, du Melkriek et du Merlo, elle joue un rôle essentiel dans la lutte contre les différentes formes d’exclusion dans notre commune.

Si vous ne connaissez pas de nom l’asbl Le Pas, sans doute avez-vous déjà croisé son équipe et les jeunes qui participent à ses activités au cours d’événements communaux tels la Chasse aux œufs, le Festival Uckel’Air ou encore la prochaine édition de Homborch en fête (le dimanche 28 mai prochain).

C’est l’une des facettes du travail de l’asbl que de proposer aux ados de financer leur projet de responsabilisation via une aide lors de ces grands moments festifs organisés par différents services communaux. Cette année, le projet mènera ces jeunes dans la belle région des gorges du Verdon, un moment de partage et de vacances qui sera l’aboutissement d’un travail de longue haleine qui permet la découverte de soi et du monde extérieur.

Ces collaborations permettent de mieux appréhender l’étroite interaction entre l’asbl et la Commune. Si la tutelle sur l’asbl s’exerce via l’Action sociale, les partenariats sont variés : avec les équipes de la Prévention et de la Cohésion sociale, avec la Jeunesse, avec la Culture, ainsi qu’avec le CPAS. Cette transversalité se reflète aussi dans la participation à l’AG et au CA de l’asbl des échevin·e·s en charge de ces différentes matières, ainsi que du président du CPAS. Soulignons par ailleurs que c’est notre conseillère communale (et présidente du Conseil), Aleksandra Kokaj, qui assure la présidence de l’asbl durant cette mandature.

Venons-en au bilan de 2022. Cette année a été marquée par la sortie des deux années de pandémie qui ont lourdement affecté le fonctionnement de l’asbl. Ses activités ont dû sans cesse être repensées afin parfois de simplement préserver le contact humain avec leurs participant·e·s. Difficile d’imaginer en effet comment maintenir des écoles de devoirs, des ateliers d’alphabétisation, du sport, des stages, des sorties, pour évoquer la palette des activités de l’asbl, alors que les confinements successifs les empêchaient. Plus difficile encore est de se représenter l’énergie qu’il a fallu à l’équipe, elle-même confrontée pour ses travailleurs·euses dans leur vie privée aux conséquences de la COVID, pour maintenir le cap dans ces tourments. Comme échevin de tutelle de l’asbl, je veux ici les saluer pour leur engagement sans faille.

2022 a permis de relancer l’asbl sur tous les tableaux, en renouant avec son public mais aussi en se redynamisant collectivement en interne. La sortie de la pandémie laissait entrevoir un retour « à la normale » (si tant est qu’une normalité soit possible après tant de dégâts constatés sur le lien social et dans la vie personnelle de chacun·e). Les impacts très concrets de l’invasion de l’Ukraine, dont en premier lieu l’inflation et l’indexation des salaires, sont venus contrecarrer ce rebond.

Les comptes de l’asbl s’en sont ressentis et, pour le budget 2023, le Collège en a tenu compte en augmentant la dotation de l’asbl à 310.000 euros. Le CPAS octroie quant à lui un subside annuel d’un peu plus de 29.000 euros. L’asbl elle-même a redoublé de créativité pour nouer

les deux bouts, revoyant les budgets de ses activités, optant des alternatives moins coûteuses, sans renoncer à l’essentiel. C’est ainsi que le voyage évoqué plus haut vers le Verdon se fera en train cette année, plutôt qu’en camionnettes.

En 2023 et pour les prochaines années, le travail de l’asbl demeure plus que jamais une nécessité absolue. Elle pourrait compter, à ce niveau, sur un appui des budgets de la cohésion sociale alloués par la COCOF aux associations uccloises. A l’heure d’écrire ces lignes, Le Pas est occupé à finaliser son dossier d’agrément, avec l’espoir de pouvoir bénéficier d’un plus important soutien financier de la COCOF. Ce travail d’agrément se fait en collaboration avec la chargée communale de la Cohésion sociale et de la vie associative, un poste créé sous cette mandature à l’occasion de la reconnaissance d’Uccle comme territoire éligible aux subventions de la COCOF en matière de cohésion sociale. Un pacte sur les cinq prochaines années a d’ailleurs été approuvé lui aussi lors de la même séance du Conseil communal. Il pose les jalons des politiques locales de cohésion sociale, en concertation avec les associations de terrain. Le Pas a pu participer à cette concertation, de même que les écoles de devoirs de la Roseraie et de l’Union Saint-Gilloise (oui, le club de football qui, particularité, possède un terrain d’entraînement à Uccle pour ses équipes de jeunes et y associe donc une école de devoirs).

J’en reviens au Conseil communal pour conclure sur une interpellation d’un membre de l’opposition à propos de la lutte à Uccle contre l’analphabétisme. Ladite interpellation se terminait maladroitement en faisant le lien entre les communes bruxelloises « où l’intégration des populations dans certains quartiers à la société belge est extrêmement difficile, pour ne pas dire un échec, en raison notamment de l’analphabétisme ». C’est faire le procès, malheureusement devenu courant à notre époque où l’on stigmatise les plus faibles (bénéficiaires d’allocations) pour leur manque de courage ou de volonté, de personnes dont on méconnaît les situations réelles. Une mère de famille issue de l’immigration qui pousse ses enfants à se scolariser ne contribue-t-elle pas à cette intégration (tant fantasmée) ? A l’asbl Le Pas, précisément, c’est le public-cible des ateliers d’alphabétisation. Les besoins sont ici importants et les projets dans les cartons prévoient notamment une collaboration avec l’asbl Lire & Écrire, bien connue pour son expertise dans ce domaine. À Uccle, on avance dans le domaine de l’inclusion et c’est notamment grâce au travail difficile de ses asbl comme Le Pas et au soutien accru dont elles bénéficient sous cette mandature.

 

François Lambert-Limbosch