texte original : brochure ECOLO DECOUVERTE – A la rencontre d’ecolo et de ses militants, 2010

Pourquoi les écologistes font-ils de la politique ?

« L’écologie politique est née dans la deuxième moitié du 20e siècle. A l’échelle de l’histoire, ses valeurs, ses projets se sont construits très rapidement. Poussée par un sentiment d’urgence, elle est née de la réflexion de quelques penseurs mais elle a surtout mûri dans l’action de tous ceux qui se sont engagés avec elle.

L’écologie politique a émergé au confluent de l’écologie scientifique et des luttes militantes, les Nouveaux Mouvements Sociaux, dans lesquels se sont retrouvés tous ceux qui luttaient pour l’autogestion et l’autodétermination et plus généralement tous ceux que rebutait le règne sans partage du marché, de l’Etat ou du patriarcat.

Si les militants écologistes sont issus de mouvements ne se limitant pas à des revendications environnementales à proprement parler, c’est parce que l’écologie politique se fonde sur une prise de conscience beaucoup plus large : la protection de l’environnement s’inscrit dans un problème plus global, celui de la société industrielle, dont le développement basé sur le productivisme et le gaspillage des ressources naturelles, menace la survie de l’humanité. La dégradation de la nature résulte d’un système social, économique et politique qu’il faut remettre en question, si on ne veut pas se contenter d’agir sur ses symptômes. Un tel constat implique la redéfinition d’un projet de société global. »

Penser un projet global de société

Respecter la nature, être solidaire de tous

« L’écologie politique prône un meilleur équilibre entre l’homme et la nature. Nous n’avons évidemment qu’une seule planète. Ses ressources sont limitées et ses écosystèmes fragiles. Quand les pollutions augmentent, quand le climat se dérègle, ce sont les êtres humains qui souffrent, en commençant par les moins favorisés. En parvenant à un développement qui respecte l’environnement, nous améliorons notre qualité de vie aujourd’hui et nous garantissons un avenir à nos enfants et à nos petits-enfants. L’écologie politique propose de décider démocratiquement du monde que nous voulons transmettre. »

Réconcilier la science et le progrès

« L’écologie politique défend un usage responsable et démocratique des sciences et des technologies, respectant les limites et les équilibres. Aux évolutions imposées par les intérêts particuliers, elle veut substituer le progrès choisi collectivement. La science peut nous aider à trouver de nouvelles manières de produire qui protègent la nature et les hommes. Elle doit nous permettre de combattre de plus en plus efficacement les maladies et les destructions du milieu. »

Permettre à chacun de choisir

« L’écologie politique veut permettre à chacun de choisir sa vie. Aussi, les écologistes combattent-ils toutes les tyrannies : les dictatures du marché qui essayent d’imposer des manières de consommer et de produire, les régimes à parti unique qui confisquent l’Etat et la démocratie, les religions lorsqu’elles veulent généraliser leurs normes de comportement et de pensée. Les écologistes refusent que l’on fasse du pouvoir et de l’argent la mesure de toute chose ; ils refusent que l’on décide à la place des citoyens. »

Une autre méthode de pensée et d’action

« L’écologie politique propose de penser et d’agir en tenant constamment compte du triangle que forment l’individu, l’environnement et la société.

Elle préconise la participation populaire et la consultation citoyenne, la démocratie sous toutes ses formes. L’éthique est absolument indispensable pour réconcilier les citoyens et la politique, les associer étroitement aux projets qui sauveront notre environnement et assureront un réel progrès collectif. »

L’écologie politique, la force du 21e siècle

« Au 19e siècle, le libéralisme a permis l’émergence de la démocratie. Au 20e, le socialisme l’a aidée à intégrer la dimension sociale. Depuis la fin du second millénaire, l’écologie politique poursuit ces mouvements d’émancipation en inscrivant l’environnement et les générations futures au cœur du projet démocratique. En ce sens, les partis écologistes incarnent bien la nouvelle force du 21e siècle. »

Productivisme

« Le productivisme est la tendance à chercher systématiquement l’amélioration de la productivité et l’accroissement de la production. Dans une optique économique, cette croissance sans limite devient l’objectif premier de l’activité de production.

La prise de conscience de la finitude des ressources naturelles entre en contradiction avec cette logique. dans la mesure où le productivisme privilégie la quantité de biens produits sur la qualité, il peut conduire à un gaspillage et à un épuisement de ces ressources, comme à une dégradation croissante de la qualité de vie et du bien-être. l’écologie politique défend une réorientation fondamentale de l’économie qui permette de répondre aux besoins de tous les habitants de la planète, sans compromettre le sort des générations futures. »

Ecologie politique

« Le terme écologie est inventé par le biologiste Ernst Haeckel en 1866. L’écologie scientifique étudie le rapport triangulaire entre les individus d’une espèce, l’activité organisée de cette espèce et l’environnement de cette activité. science de la globalité, elle a permis de mettre en lumière l’interdépendance des êtres vivants entre eux et avec leur environnement (ce que l’on appelle un écosystème), et les conséquences pour une espèce de la dégradation du milieu dans lequel elle vit.

Par ce constat, l’écologie scientifique change notre regard sur la nature : nous devons la respecter et non pas vouloir à tout prix la maîtriser. elle amène également une nouvelle manière de considérer la position de l’homme,qui ne vit pas en vase clos. son action a un impact sur lui-même et les autres espèces,dépasse les frontières et peut se poursuivre dans l’avenir, même lointain.

Appliquée à la société humaine – l’humain étant le seul être social et politique – l’écologie devient politique : l’homme est le produit de son environnement et des choix collectifs qu’il pose pour tenir compte de cet environnement. choix et non-choix ont une implication sur le milieu social ou naturel. l’écologie politique s’applique donc à construire une vision globale(ou systémique) de l’ensemble des activités de l’homme et de l’impact qu’elles ont sur cet environnement social ou naturel. »

GLOBAL

« Parce que l’action de l’homme sur son environnement naturel et social ne s’arrête pas aux frontières, l’écologie politique veut penser globalement, pour agir localement. Il est regrettable de constater que le nombre de conflits armés ayant pour objet l’accaparement ou le contrôle des ressources naturelles s’intensifie, causant une recrudescence de la course à l’armement et accentuant notamment la menace nucléaire. une meilleure répartition des ressources mondiales s’impose. Aux souverainetés nationales, les écologistes veulent substituer une solidarité internationale.

Le phénomène du dérèglement climatique constitue un exemple de cette logique. une série de décisions et d’actes posés principalement par une partie de la population mondiale est majoritairement responsable du phénomène qui aura à terme des conséquences bien plus désastreuses dans certaines régions du monde que dans d’autres(les deux ne se recouvrant pas forcément). résoudre ce problème nécessite une coordination mondiale et une solidarité entre les peuples du nord et du sud. les solutions dégagées seront néanmoins appliquées localement, car chaque contexte est différent. la créativité sera de mise pour atteindre un objectif mondial commun. »

Vous avez dit…

LOCAL

« Penser globalement pour agir localement, tel est l’un des slogans des écologistes. Le niveau local est le plus pertinent pour mettre en œuvre bon nombre d’actions politiques : les compétences exercées au niveau le plus proche du citoyen permettent la gestion démocratique la plus efficace dans l’action. C’est pourquoi ECOLO accorde une grande importance à l’ancrage local et communal.

L’implantation du mouvement dans les communes wallonnes et bruxelloises, à partir de 1982, initie progressivement une plus grande ouverture de celles-ci à la participation des citoyens : interpellation du citoyen au Conseil, consultation populaire, mise en place de conseils consultatifs…

L’arrivée d’ECOLO au niveau communal s’est également accompagnée de la création d’échevinats… de l’Environnement, notion jusque là lourdement snobée. Ce n’est qu’alors que voient le jour les études d’incidences et les enquêtes publiques, la mise en place des « Centres d’enfouissement technique » (les décharges à ciel ouvert étaient alors souvent la norme…), la reconnaissance de l’utilité des sentiers communaux, des zones de circulation réservées aux transports en commun, les pistes cyclables, les diverses primes énergies… »

DURABLE

« La notion de développement durable s’est largement répandue dans les esprits ces dernières années, bien qu’elle ne soit pas systématiquement appliquée. L’écologie politique a également fait sienne ces principes, les convergences entre les deux approches étant évidentes.

Le concept est abordé pour la première fois dans le rapport Brundtland Our common future présenté en 1987 par la Commission Mondiale sur l’ Environnement et le Développement (CMED). Tout en af firmant que notre mode de développement n’est pas viable, il plaide pour une réorientation radicale vers un développement écologiquement et socialement soutenable, qui répond à nos besoins à tous, comme à ceux des générations futures. Le développement durable fonde son action sur trois piliers qu’il veut concilier: les piliers environnemental, social et économique. La notion de gouvernance vient s’y additionner comme un enjeu transversal indispensable. Basée sur la démocratie participative, cette gouvernance consiste en la participation de tous les acteurs (citoyens , entreprises, associations, élus…) au processus d’élaboration des politiques, et à l’implication de ceux-ci dans leur mise en œuvre.

ECOLO a intégré de manière transversale le développement durable dans son programme politique. Quelques exemples: la mise en place de politiques visant l’efficacité énergétique et la lutte contre le dérèglement climatique ; la réduction de l’empreinte écologique et la sauvegarde de la biodiversité ; la mise en place de politiques économiques prenant en compte les aspects environnementaux et sociaux, en créant des emplois durables et non délocalisables. »

POUVOIR

« Une question a longtemps taraudé les Verts, comme partout en Europe : celle du rapport au pouvoir. ECOLO est un parti de combat, né dans la militance par opposition à d’autres partis, d’origine institutionnelle. A l’origine, le mouvement s’oppose à l’Etat hégémonique et pose la société civile en gardienne des libertés face à ce dernier. Il remet en question les pratiques institutionnelles et politiques qui y sont associées.

Décider de participer au jeu politique fut un premier pas rapprochant les écologistes du pouvoir, qui ne se fit pas sans heurt. C ’est d’ailleurs pour s’en prémunir qu’ECOLO choisit de faire de la politique autrement comme évoqué précédemment, et de se définir en tant que ‘mouvement’ pour se démarquer des partis traditionnels.

La question ne tarde pas à devenir existentielle. Les entrées dans les parlements sont suivies des perspectives d’entrée dans un gouvernement régional en 1985. Le remue-méninges qui s’ensuit aboutit à l’historique motion de Neufchâteau-Virton qui affirme qu’il serait absurde de déclarer a priori refuser de participer au pouvoir, et par conséquent laisser le champ d’action libre aux autres formations politiques dominantes.

Le 10 juillet 1999, L’AG d’ECOLO vote ‘oui’ à la participation dans tous les gouvernements sauf celui de la Région bruxelloise. C’est une première. Il s’agit de jouer autrement ! Malgré une législature mouvementée, le bilan n’est pas mince : loi de sortie du nucléaire, refinancement de l’enseignement, régularisation des sans-papiers, lancement d’une politique de mobilité durable et d’énergies renouvelables, politiques sociales et de santé réformées en profondeur…

Aujourd’hui, le parti aborde sereinement la participation au pouvoir qu’il a balisée avec ses valeurs démocratiques et éthiques. »

FAIRE DE LA POLITIQUE AUTREMENT

Faire de la politique autrement fut le slogan fondateur des écologistes. Pour ECOLO, il n’est possible d’aboutir aux ruptures nécessaires et de prendre en compte les implications durables des choix politiques posés qu’en changeant de manière de faire de la politique. Il est essentiel d’associer les citoyens et citoyennes au débat et prises de décision, d’empêcher les abus, de combattre les inégalités et les extrémismes tout en étant plus transparent, en considérant l’éthique comme une vertu cardinale.

EMANCIPATION

L’émancipation fait partie des mots-clés et des fondamentaux d’ECOLO. Il s’agit d’aider les hommes et les femmes à se mettre debout, plutôt que de les entretenir dans un système d’assistance qui les empêche de changer de quotidien, de changer de vie, de réaliser leurs projets, de devenir des êtres humains autonomes et accomplis. Il s’agit de leur donner les conditions sociales et environnementales leur permettant de choisir leur avenir. Permettre un égal accès pour chacun à la possibilité de choisir sa vie constitue le fondement d’une société plus juste

PRECAUTION

Le principe de précaution, repris par le développement durable, exprime la responsabilité que nous avons quant aux conséquences sociales et environnementales des actes que nous posons. Selon ce principe, toute décision susceptible d’avoir des conséquences irréversibles ou inconnues doit être appliquée avec précaution. Ces choix doivent s’accompagner de mesures préventives visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles. Le principe de précaution a évolué d’une conception philosophique vers une norme juridique, et est aujourd’hui inscrite dans le droit belge et européen. ECOLO a toujours défendu une application stricte du principe de précaution face aux risques pour l’environnement et la santé que représente l’énergie nucléaire. C’est notamment ce principe qui a guidé la loi de sortie du nucléaire votée en 2003 à l’initiative d’ECOLO.