Mi-mai, la réforme de la collecte des déchets initiée par le Ministre Alain Maron rend obligatoire le tri des déchets alimentaires et, dans la majorité des quartiers d’Uccle, implique la sortie une fois par semaine des poubelles. L’objectif est de, notamment, améliorer le cadre de vie, diminuer le nombre de ramassage et en conséquence le nombre de kilomètres parcourus par les camions, créer une activité économique locale ainsi que de lutter contre le dérèglement climatique. Ce dernier élément n’est pas à négliger puisque Bruxelles Propreté a comptabilisé, en 2021, 496.443 tonnes de déchets incinérés, lesquelles équivalent à 470.730 tonnes de CO2 émis.

Dans certains cas, les déchets organiques représentent (ou représentaient) jusqu’à 60% du poids du sac blanc. La conséquence ? Ces matières pouvant être compostées ou bio-méthanisées, c’est-à-dire valorisées en tant qu’engrais ou/et énergie, étaient simplement incinérées. Elles contribuaient donc aux émissions directes de gaz à effet de serre – participant dès lors au dérèglement climatique – alors qu’elles pouvaient être valorisées comme une ressource selon une logique circulaire.

Face à l’obligation du tri des déchets alimentaires, plusieurs options existent. Quant à lui, le compostage permet de diminuer en moyenne de 30% le poids total du sac blanc et de transformer ces déchets en compost mûr. Bien géré, celui-ci ne pose pas de problème d’odeur et n’attire pas les animaux (sauf les quelques essentiels à la maturation du compost comme les lombrics). Devant être alimenté en matière carbonée, le compost permet aussi de diminuer le poids d’autres sacs. En effet, on peut y mettre les déchets de jardin (taille de haie, tonte de pelouse…), certaines litières d’animaux (de rongeurs et, pour celles prévues à cet effet, de chats), déchets de bureau (papiers et cartons sans encre…).

Ce compost peut ensuite enrichir les jardins, jardinières ou encore fertiliser les cultures puisqu’il contient des éléments nourriciers comme des sels minéraux et des oligo-éléments. Ces éléments peuvent à leur tour être absorbés par les cultures ensuite consommées par nous… et la boucle est bouclée.

Soutenir le compostage collectif des Ucclois·es

Tous·tes les Ucclois·es ne possèdent pas de jardin ou ont un jardin ou une cours trop petit(e) que pour y composter leurs déchets organiques. C’est pourquoi il est essentiel que les pouvoirs publics continuent à davantage soutenir les initiatives collectives de compostage. Ces aides sont diverses : financières, accompagnements, humaines, matérielles…

Un compost collectif ne fonctionne que parce qu’il compte un noyau de 3 à 5 personnes activement impliquées dans sa gestion. Bruxelles Environnement les soutient via l’appel à projets annuel Inspirons le quartier et via son facilitateur, Worms, qui accompagne les composts collectifs. En tant que commune, nous créons les conditions favorables à leur implantation et à l’augmentation de leur nombre sur le territoire étant donnée la logique bottom-up inhérente aux composts collectifs.

La première étape étant la sensibilisation, des communications sont faites via les différents canaux communaux au sujet du compostage ainsi que des aides existantes, créations de compost, places disponibles, promotion des évènements (comme le Compost Day) et des formations guide-compost ou au compostage (à destination des particuliers), en soutien aux projets citoyens en devenir… : Wolvendael magazine, site internet (dont la carte des ressources durables), réseaux sociaux… La communication s’est naturellement intensifiée à l’approche de l’obligation du tri des déchets alimentaires.

Lorsqu’un compost collectif prend place dans un espace vert communal, le meilleur emplacement est choisi avec les citoyen·ne·s, Worms et obtient l’autorisation du Collège des Bourgmestre et Echevin·e·s. La commune prévoit dans certains cas la possibilité future de gestion d’un compost collectif par les riverain·e·s. A titre d’exemple, un emplacement est prévu dans le cadre des projets de réaménagement du parc Raspail et du jardin Hirsch (rue Vervloet) tandis que les échanges sont en cours au niveau du parc Brugmann.

Une aide matérielle et d’aménagement au lancement de composts collectifs est donnée par les équipes communales pour accompagner et soutenir la dynamique collective. Une aide sur le long terme est également nécessaire. Grâce à l’augmentation de la production de broyat par le service vert – en broyant systématiquement les restes de tailles plutôt qu’en les faisant exporter par un sous-traitant – tous les composts collectifs peuvent être alimentés en cette matière carbonée indispensable, en collaboration avec l’asbl Worms.

Depuis 2019, plusieurs sites de compostage collectif, à l’initiative des citoyen·ne·s et avec le soutien de la commune, ont fait leur apparition. On peut notamment citer les endroits suivants : ilot Cauter, avenue des Statuaires, parc Montjoie, jardin du Chat, gare d’Uccle-Stalle.

La Commune directement à l’œuvre

D’abord parce que l’administration communale a, elle aussi, l’obligation de trier ses déchets organiques mais surtout parce qu’elle a un devoir d’exemplarité et doit, elle aussi, diminuer ses émissions de gaz à effet de serre.

Le Projet Carbone fait partie du programme « Experimental Platform 2021-2023 » d’Innoviris, sous la responsabilité de la Secrétaire d’Etat Barbara Trachte. Il vise la recircularisation des déchets végétaux, dont l’optimisation du broyat en bien commun. Une des expérimentations porte sur la création d’un compost de taille moyenne de déchets verts (tonte, broyat, taille de haies). Quatre andains sont installés depuis novembre 2022 au cimetière de Saint-Gilles (situé à Uccle) : trois pour Uccle, un pour Saint-Gilles. A l’avenir, et tous les ans, ce sont 75 tonnes de ressources vertes qui pourront être compostées par Uccle et ainsi produire environ 20 tonnes de compost mur. 

La mise en commun ne s’arrête pas là. La mutualisation de quatre machines nécessaires au compostage avec les communes de Saint-Gilles et Woluwe-Saint-Pierre a été approuvée par le Conseil communal du 23 mars 2023. Ceci a évité aux trois communes d’acheter chacune les quatre machines. Une collaboration portée notamment avec les échevines Catherine Morenville et Caroline Lhoir.

A l’avenir, la commune devrait davantage étudier le compostage de ses déchets alimentaires, par exemple au niveau du Centre administratif communal. En cas de réaménagement du site technique des Espaces verts, un compost de taille moyenne des déchets verts pourrait également être envisagé.

 

Maëlle De Brouwer