Le logement intergénérationnel mis en perspective

Publié le 9 février 2023
Rédigé par 
Ecolo Uccle

La récente journée d’étude BXL Pop des régionales bruxelloises Ecolo et Groen consacrée au logement durable et accessible a notamment abordé la question du logement intergénérationnel. Partager un même logement entre différentes générations apparait en effet comme une réponse potentielle au double défi de garantir la qualité de vie des aînés, d’une part, et d’offrir un logement décent aux Bruxellois·es les plus en difficulté, d’autre part. Uccle pourrait s’avérer à ce niveau un gisement prometteur de logements partagés. Sous la condition de mettre un terme au statut social du cohabitant.

Une récente étude de l’Observatoire de la Santé et du Social de la Région de Bruxelles-Capitale bat en brèche le constat souvent répété que Bruxelles serait une région jeune. L’étude met en lumière que, depuis 2010, la région bruxelloise est confrontée à une augmentation du nombre de personnes âgées. Selon les projections, l’augmentation des 65 ans et plus se poursuivra avec notamment une forte augmentation des 80+ au-delà de 2030.

Parallèlement, l’offre de logements accessibles, singulièrement dans notre commune, est nettement déficitaire en Région bruxelloise. On compte en 2023 plus de 50.000 ménages en attente d’un logement social. Trouver un toit décent à un prix accessible s’apparente de plus en plus à la quadrature du cercle pour diverses catégories de population dont les jeunes ou les familles (en particulier les ménages monoparentaux).

Uccle, dans ce contexte, présente déjà la particularité de figurer en 3e position des communes bruxelloises les plus âgées avec quelque 19% de 65+ parmi sa population. Autre caractéristique : la superficie des logements et la proportion de maison 3 ou 4 façades sont largement plus élevées à Uccle qu’en moyenne bruxelloise. Le même constat vaut pour le nombre de pièces par logements.

Sur le papier, notre commune pourrait à ce titre receler un gisement d’opportunités pour des ménages bruxellois en mal de logement. Occuper avec de jeunes enfants les étages d’une grande maison pendant que le senior continue de profiter du confort (l’accessibilité avec peu d’escaliers entre autres) d’un rez-de-chaussée : l’idée ne manque pas d’attrait.

Peut-on, dès lors, envisager le partage de l’habitat comme une solution, ou au moins une partie de la solution, au double défi du logement et du vieillissement de la population ? Le logement intergénérationnel existe déjà. Diverses associations aident même des seniors à accueillir dans leur logement des jeunes étudiant·es le plus souvent. La formule rompt l’isolement de la personne âgée et réduit la part consacrée à se loger logement dans le budget de l’étudiant·e. L’Agence immobilière sociale d’Uccle ou AISU (sous présidence d’Ecolo) s’est lancée dans une expérience tripartite à ce niveau. L’AISU fournit le logement, une association spécialisée (CECO Home Sharing) se charge d’encadrer le projet et le CPAS d’Uccle propose des candidat·e·s au logement mixant notamment senior et mère de famille solo.

Il y a pourtant un hic. Et de taille, comme souligné dans l’avis du Conseil consultatif ucclois des aînés (CCUA) consacré au logement intergénérationnel : « Le statut de cohabitant (au sens des législations sociales) entrave cette liberté [de choisir la forme d’habitat qui convient à chacun] dès lors qu’une cohabitation débouche sur une diminution des allocations sociales et revenus de remplacement. »

La perte de ressources est en effet lourde entre une GRAPA (garantie de revenus aux personnes âgées) au taux isolé (1.460,03 € au 01/01/2023) et au taux cohabitant (973,36 €). Certaines solutions existent cependant pour pallier ce risque mais elles relèvent du système D et, pour certaines, reposent sur des démarches à initier par les personnes concernées elles-mêmes.

L’abolition du statut de cohabitant fera sauter ce verrou au développement du logement intergénérationnel. C’est une revendication portée de longue date par le milieu associatif et reprise par les partis politiques. L’ensemble des partis francophone la soutiennent. Groen également, côté néerlandophone. Faisons le vœu que cela suffise pour qu’elle se concrétise dans l’après-élections de 2024.

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François Lambert-Limbosch

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