Travailler pour plus d’égalité entre les femmes, les minorités de genre et les hommes demande d’agir de façon tant spécifique que transversale. Le patriarcat étant un rapport de pouvoir faisant système, il s’exprime en conséquence dans chaque sphère de notre vie. On peut aisément citer de façon non exhaustive : l’écart salariale, le plafond et la paroi de verre, le harcèlement des femmes dans l’espace public, la répartition inégale des tâches domestiques, la dévalorisation des valeurs dites féminines (illustré il y a plusieurs semaines par Vincent Cassel : « si les hommes deviennent trop vulnérables et féminins, je pense qu’il va y avoir un problème »), la surreprésentation des femmes dans le travail du soin, parmi les victimes de violences conjugales ou encore dans les familles monoparentales…

Il est essentiel de se mobiliser à l’occasion de journées comme le 08 mars pour rappeler le travail qu’il reste à faire en vue d’atteindre l’égalité – loin d’être acquise – et non d’avoir des rabais marketing sur les petites culottes, de recevoir des roses ou de voir un conjoint qui fait exceptionnellement la vaisselle ou le ménage.

Cette année, avec le service de l’égalité des chances et des genres, nous avons décidé de représenter dans l’espace public la parole de femmes moins entendues habituellement parce que subissant le racisme. Pas très loin de la journée de lutte pour les droits des femmes se trouve, le 21 mars, la journée de lutte contre les discriminations raciales. Le texte suivant accompagne notre exposition fixée sur les grilles du parc de Wolvendael :

[…] la Commune d’Uccle désire mettre en lumière la parole de femmes qui subissent plusieurs formes de discrimination.

En effet, qu’elles soient noires ou asiatiques, connues ou inconnues, elles ont toutes dû faire face à une forme discrimination qui ne dit pas son nom.

Mais à travers leur résilience, elles ont su se redéfinir afin de s’imposer dans des sphères et un monde où elles n’étaient pas attendues.

Avec un caractère universel, ces mots reflètent leur réalité, leurs combats et leurs désirs de plus de liberté et d’exister.

Au-delà d’action symbolique, le service de l’égalité des chances et des genres effectue un travail progressif de coordination d’intégration du genre dans les politiques publiques communales – au-delà de son rôle de conseil et de soutien. Après le recrutement d’une référente en genre à temps plein, formé les premiers services communaux, le budget sensible au genre a pu être initié et est évalué est chaque année. La Commune a en effet adopté en 2019 la stratégie du gendermainstreaming (une approche intégrée de l’égalité de genre) et du genderbudgeting (un budget sensible au genre) afin d’œuvrer structurellement pour l’égalité entre les femmes, les minorités de genre et les hommes.

Citons encore deux récentes réalisations.

 Entre février et décembre 2023, les écoles primaires communales et non communales peuvent sensibiliser leurs élèves de 5e et 6e primaires à l’égalité filles-garçons ainsi qu’à la lutte contre les stéréotypes de genre. Une brochure intitulée « Et si les princes aimaient les robes et les princesses la boxe ? » a été créée collaboration avec l’asbl Im.pertinentes et sert notamment de base pour parler des idées préconçues par rapport à ce qui est « réservé aux filles » ou « réservé aux garçons ». Une animatrice expérimentée et ayant le label EVRAS se charge d’aborder cette thématique lors des animations. Une brochure à destination des adultes sur le thème des masculinités (et adaptées aux adolescent·e·s) a aussi été créée et a été envoyée aux écoles secondaires d’Uccle.

Enfin, il y a un peu plus d’un an, le Conseil communal votait le règlement du Conseil consultatif pour l’égalité des genres dont la première réunion s’est tenue en septembre 2022. Ce règlement fut l’occasion de rappeler que

Les inégalités de genre ne sont pas basées sur des différences biologiques (homme-femme), mais essentiellement basées sur une construction culturelle et sociale binaire qui définit les rôles et les responsabilités des hommes et des femmes dans une société.

Ou encore que

Par « droits des femmes », il faut entendre les droits revendiqués pour les femmes et les jeunes filles depuis le XIXème siècle en vue d’une société plus égalitaire. Ces droits peuvent être : les droits au travail, à un revenu égal, à l’exercice de la citoyenneté, de la propriété, de la liberté de mouvement, à l’éducation, à la sécurité, au contrôle de son corps… Ces droits ne sont pas exercés de manière égale en fonction du genre.

Évoquant les droits des femmes, il est utile de rappeler que la Commune et ce Conseil doit œuvrer pour toutes les femmes, c’est-à-dire celles qui s’identifient et/ou qui se reconnaissent dans cette appellation mais aussi qu’interfèrent avec le genre différentes formes de domination ou de discrimination, lesquelles peuvent être fondées sur la race, le sexe, l’âge, la religion, l’orientation sexuelle, la classe sociale ou les capacités physiques.

Presqu’une vingtaine d’Ucclois·es accompagnent désormais Uccle dans son action.

 

Maëlle De Brouwer