Le 30 juin 1960 le Congo déclare son indépendance. 2 ans plus tard le 1 juillet 1962, c’est au tour du Rwanda et du Burundi.

Depuis des années, Ecolo milite pour un dialogue des mémoires et une lecture historique qui réfléchisse les atrocités commises. Notre passé colonial doit être assumé dans toutes ses facettes et le lien entre celui-ci et le racisme structurel d’aujourd’hui ne peut plus être nié. Nos efforts pour une décolonisation de l’espace public s’inscrivent dans une stratégie plus large de lutte contre le racisme.

C’est ce que nous avons tenu à rappeler à travers les déclaration de notre député régional Kalvin Soiress Njall (disponible ici) ainsi que notre interpellation lors Conseil communal du 26 juin 2020.

Il y a tout juste 60 ans, l’indépendance du Congo mettait un terme à plus 80 années de colonisation belge, dont 23 comme propriété personnelle du roi Léopold II et 52 ans en tant que colonie nationale.

Les 60 années écoulées depuis n’ont néanmoins pas permis à la Belgique d’être apaisée quant à son passé colonial avec lequel elle entretient un rapport complexe. Un malaise persiste lorsqu’il est question des colonies belges et du Congo en particulier, mais aussi des liens, notamment économiques, entretenus entre les pays colonisateurs et les pays colonisés. Pour preuve, les récentes protestations du mouvement « Black lives matter » ravivent un débat que certains préfèreraient éteint.

Dans ce débat, il convient de distinguer l’histoire de la mémoire. En effet, là où l’histoire est une science qu’on ne peut pas décider d’effacer ou de modifier, la mémoire est une sélection d’éléments de l’histoire dont nous choisissons collectivement de nous souvenir. À y regarder de plus près, on s’aperçoit que les traces de notre passé colonial sont présentes partout à Bruxelles, y compris à Uccle : à travers des statues, des monuments, des noms de rues… Toutes ces traces rendent hommage à une période sombre de l’histoire de notre pays, sans donner de place aux voix des victimes et de leurs descendant.e.s. La mémoire a été ici sélective.

Les récentes manifestations, les nombreux articles scientifiques et médiatiques montrent que ces hommages sont perçus comme blessants et témoignent d’une indifférence à la douleur et aux traumatismes subis par de nombreuses familles. Il s’agit pour nous d’une violence symbolique supplémentaire au racisme déjà vécu. Ces références sont pourtant insoupçonnées pour une majorité de personnes. Pas certains que tous les habitant.e.s de la rue Stanley connaissent le rôle fondamental qu’il a joué dans l’acquisition du Congo par Léopold II.

Ce travail est aujourd’hui important, car le racisme tue toujours, et qu’il convient de se souvenir de certains faits historiques. Par exemple, l’opinion publique belge était majoritairement opposée à l’entreprise de Léopold II au Congo. Ce n’est que grâce à une campagne de propagande en faveur d’une colonisation décrite comme une mission salvatrice contre l’esclavage que l’opinion publique finira par approuver l’initiative dont le but réel restait purement économique. Les véritables zoos humains installés en Belgique à l’époque censée informer les Belges ont participé à la création des imaginaires racistes qui perdurent aujourd’hui.

L’espace public reflète les valeurs de la société contemporaine. À la mesure que celles-ci évoluent, l’espace public s’actualise et certains monuments sont remplacés ou contextualisés. Et dans le contexte actuel de la prise de conscience du racisme systémique, héritage de notre passé colonial, la commune d’Uccle aussi peut réaliser quelques aménagements permettant d’actualiser notre espace public.

La présence de noms et de statues dans l’espace public est révélatrice d’une vision de l’histoire et d’un état d’esprit face à elle. Enlever ou recontextualiser ces éléments actualise notre espace public avec notre perception actuelle du passé. Ce faisant, nous nuançons certains évènements ou relativisons leur importance.

Pour ce faire, il existe différents moyens.
La première étape pour décoloniser notre espace public est la réalisation d’une cartographie de l’ensemble des monuments et des noms de lieux publics existants sur le territoire de la commune renvoyant vers un passé colonial. La seconde est leur (re)contextualisation. Pour ce second point, différentes pistes sont envisagées :

  • Des balades décoloniales. La Commune d’Uccle avait dans ce cadre déjà pris contact avec l’ASBL Mémoire coloniale, mais ce travail a été interrompu par la crise sanitaire. Une demande de subside sera introduite cet été.
  • Des expositions ou propositions artistiques sur le sujet à destination des écoles et des Ucclois.es, tout comme le développement de l’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire auprès des plus jeunes. C’est ce qui est fait notamment dans le cadre des Journées de la solidarité internationale.
  • La recontextualisation physique (artistique ou informative) des monuments en partenariat avec des acteurs de terrains, le Cercle d’histoire et des historiens. En particulier, le placement de QR codes renvoyant vers des explications est prévu dans le cadre des monuments commémoratifs des deux guerres. Il est souhaitable d’intégrer dans ce projet d’autres monuments qui mériteraient également de faire l’objet d’une contextualisation historique. Ceci rencontre le désir du collège de valoriser notre patrimoine et de jouer notre rôle de passeurs de mémoire. Malheureusement, la pandémie et la charge de travail au sein de l’administration ont là aussi ralenti la mise en œuvre de ce projet, mais nous espérons que nous pourrons le concrétiser en 2021 en y allouant les moyens nécessaires tant humains que budgétaires.

La Commune fera des propositions en ce sens pour l’année à venir.