La ligne du groupe DéFI a le mérite d’être claire et constante : baisser l’impôt, la solution à tous les maux !  Si nous pouvons entendre cette opinion (étonnante dans une des communes les moins taxée de Bruxelles), en tant qu’écologistes, nous ne pouvons pas laisser dire que ce serait LA solution pour lutter contre le dérèglement climatique.

Uccle est parfois dépeint par certains, comme une commune où l’on croule sous les impôts locaux et où des écologistes voraces ne rêvent que de les augmenter encore. Essayons tout d’abord de déconstruire ces deux clichés.

Uccle est une des communes les moins taxées de Bruxelles [1] ! Comment fonctionne les impôts ? Il existe deux leviers fiscaux principaux :

  1. L’impôt fédéral sur les personnes physiques (IPP = impôt sur les revenus du travail) et les centimes additionnels qui reviennent à la commune de résidence.
  2. Le précompte immobilier (impôt sur les propriétés) et les centimes additionnels qui reviennent à la commune où se trouve le bien.

Les centimes additionnels à l’IPP représentent une petite fraction de cet impôt mais constituent la majorité des finances communales qui servent à garantir les services publics communaux, le CPAS et la police [2].

Le choix a été fait par les anciennes majorités de privilégier un faible (2e moins élevé de Bruxelles [1]) impôt local sur les personnes physiques contrebalancées par des précomptes immobiliers locaux relativement élevés (7e moins élevé de Bruxelles tout de même [1]). À noter aussi que des primes compensatoires ont été mises en place, suite à une suggestion d’Ecolo, pour aider ceux qui en ont le plus besoin. Enfin, s’il est utile de le rappeler, dans le cadre de leur participation à l’ancienne majorité, DéFI a augmenté les contribution de ~2,5 millions [3] (suite à une baisse de l’IPP contrebalancée par une hausse du précompte immobilier).

La position d’Écolo Uccle est très claire et n’a pas changé depuis la campagne d’octobre 2018 : nous ne prévoyons pas d’augmenter à nouveau les impôts ! Les difficultés financières héritées des précédentes majorités ne permettent cependant pas de les diminuer non plus.

Ces précisions étant apportées, intéressons-nous au cœur du message :

1. Dans sa tribune, DéFI nous annonce que diminuer les impôts locaux serait LA solution pour lutter contre le dérèglement climatique, car cela permettrait de « vivre près de son lieu de travail ». Sauf que (1) le niveau d’imposition locale n’est pas le paramètre déterminant du lieu de résidence (sauf peut-être pour les plus fortunés), c’est plutôt le coût des loyers ou des biens immobiliers (très élevé à Uccle), (2) il existe aussi des Ucclois.es qui travaillent loin de leur domicile, et (3) 55% des Ucclois.es utilisent encore la voiture pour aller travailler contre 11.5% chez les Saint-Gillois.es comme nous l’apprend l’étude du SPF mobilité [4]. Il y a du travail pour améliorer la mobilité à Uccle, nous nous y attelons !

2. DéFI veut baisser les impôts locaux sur le travail de 50% et dit « financer intégralement » cette mesure par les nouveaux habitants. Ceci revient simplement à doubler la population (active) soit accueillir 80 (45) mille nouvelles personnes. C’est absurde et contre-productif dans l’état actuel des choses puisque cela provoquerait la flambée des prix de l’immobilier et vu la répartition modale des travailleurs, cela congestionnerait encore plus nos rues.

3. DéFI veut « améliorer l’air et la mobilité de 30% », si l’intention est certainement louable, ça ne veut malheureusement rien dire ! 30% de quoi ? Et d’où vient ce chiffre ?

Bref, si l’on peut féliciter DéFI de s’inquiéter (enfin) du dérèglement climatique, il conviendrait d’attaquer le problème par le bon bout plutôt que de flirter avec de la démagogie à l’approche des élections. Nous, écologistes, voulons œuvrer directement à l’amélioration de la qualité de l’air, de la mobilité et de l’accessibilité au logement sans spéculer sur des résultats irréalistes de mesures indirectes.

Pour plus d’info : https://ecolo.be/climat/

Cher groupe DéFI, si « personne n’a encore proposé » cette mesure, ce n’est pas si étonnant !

Sources :

[3] Différence entre les revenus budgétisés de l’imposition en 2019 et ceux de 2013 indexés sur le nombre d’habitant et sur l’indice santé.